La période de tension entre Moscou et l’Alliance Atlantique que l’on pensait révolue fait donc son grand retour. Serions-nous de nouveau dans un contexte de Guerre froide entre les Etats-Unis et la Russie ? Dimitri Medvedev revient en effet à l’assaut contre la défense antimissile américaine, période électorale oblige, mais au-delà de cet enjeu, le contexte de réduction (inquiètante) des budgets militaires dans les pays européens mais aussi aux Etats-Unis s’avère être une opportunité pour le président russe de saper le projet antimissile.
Les Russes ont toujours été opposés aux dispositifs antimissiles. En 2007 des accords avaient été conclus entre les EUA, la Pologne et la Tchéquie pour installer un dispositif avancé du bouclier antimissile (le fameux « troisième site »). Vladimir Poutine avait alors manifesté son hostilité à l’égard de ce déploiement, lors de la conférence de sécurité de Munich.
Après la signature du START 3 entre les EUA et la Russie dans le but de réduire les bombes nucléaires, un sommet de l’Alliance Atlantique s’était tenu en novembre 2010 afin de définir une « défense antimissile balistique » (DAMB) dans le cadre de l’OTAN et avec la Russie.
Mais depuis quelques mois les Russes crient au scandale, car ces derniers considèrent que cette DAMB a pour unique objectif non pas de couvrir l’Europe contre d’éventuels missiles iraniens, comme l’affirment les Américains, mais de contrer la dissuasion nucléaire russe. La Russie se méfie surtout des radars de veille dirigés officiellement vers le Moyen-Orient, mais qui selon elle, affaiblissent le système de dissuasion russe. Plongeant ainsi les négociations entre la Russie et les Etats-Unis dans une impasse.
Mais dans un contexte de crise sévère et chronique qui touche à la fois les Etats-Unis et l’Europe, les Russes espèrent pouvoir assister à l’abandon du projet de défense antimissile. En effet, l’ensemble du système coûterait entre 15 et 20 milliards d’euros, les Américains prendront en charge la majeure partie des frais, mais de nombreuses coupes drastiques sont annoncées dans le domaine de la défense (mais les EUA pourront compter sur les grands groupes militaro-industriels américains qui mettront tout en œuvre afin de sauver le programme de la DAMB).
La communauté de sécurité européenne devra t-elle s’élargir en y intégrant dans ses rangs la Russie, comme le souhaite le président Medvedev ?