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Laballe & Défense

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Bienvenue sur Laballe & Défense, un site consacré aux Politiques de Défense ! Ce blog a été créé par Merry-Lène LABALLE, Historienne en Histoire Militaire, Études de Défense et Politiques de Sécurité Diplômée de l'Université Paul Valéry de Montpellier.

L’emploi des chars dans la guerre moderne

Publié par Merry-Lène LABALLE sur 12 Octobre 2017, 21:03pm

Catégories : #Défense nationale

Le char, arme révolutionnaire du XXème siècle, souffre aujourd’hui dans de nombreux pays européens d’un déficit de légitimité (passant de 15 631 à 5218 entre 1999 et 2012). Un déficit qui intervient paradoxalement à l’heure où des adversaires non-étatiques souhaitent bénéficier d’une puissance de feu accrue et quand le reste du monde se réarme.

 

Pourtant, les conditions tactiques des combats terrestres de demain et les limites de la puissance aérienne devraient inciter les États à ne plus sacrifier nos forces blindées, mais au contraire de les adapter aux circonstances actuelles. Autrement dit, le char loin d’être révolu représente une solide capacité.

 

Le char est un système d’armes mobile et blindé doté d’un armement principal (mitrailleuse ou canon) que l’on met en œuvre pour des combats à dominante dynamique. Les chars se différencient des « véhicules de combat d’infanterie » (VCI), qui assurent aux unités d’infanterie dites mécanisées, le transport sous blindage d’un groupe de fantassins.

 

Le VCI dispose d’un armement en tourelle de moyen calibre et/ou anti-char qui a pour objectif d’appuyer la progression des forces débarquées. A l’instar du VCI, le char est lui préposé au combat en mouvement.

 

Tout au long de l’histoire, les blindés ont évolué en fonction des besoins tactiques. L’enjeu demain, est d’adapter technologiquement et doctrinalement cet engin aux réalités des combats. Historiquement, le char s’est imposé comme une composante cruciale des champs de bataille du XXème siècle. Combinant à la fois, protection, puissance de feu et mobilité, font du char moderne un outil prédisposé à des actions coordonnées dans un environnement hautement hostile.

 

En France, des penseurs comme le colonel Chédeville (1875-1940), Pol-Maurice Velpry (1875-1939), le commandant Marie Pigeaud (1978-1939), Edmond Buat (1868-1923) ou encore le Général de Gaulle (1890-1970) furent les précuseurs non négligeable en matière d’arme blindée. En effet, la pensée militaire française dans l’entre-deux-guerres fut tout particulièrement bouillonnante dans le domaine de l’arme blindée et le combat mécanisé.

 

Dans la guerre moderne, si les guerres classiques semblent enterrer sur le continent européen, les évènements en Ukraine et ailleurs montrent que les stratégies de puissance sont toujours d’actualité. L’expérience des conflits irréguliers rappelle également l’intérêt de disposer de capacités terrestres résilientes.

 

Faire reposer toutes les capacités de neutralisation des menaces sur la seule troisième dimension serait une erreur. Il convient donc de conserver, en parallèle, une capacité terrestre autonome de destruction par tir direct (armement gros calibre à tir tendu) et indirect (artillerie sol-sol). Par conséquent, l’évolution du contexte stratégique invite à ne pas négliger les avantages politiques et stratégiques d’une composante blindée.

 

Le très faible nombre de déploiement du char Leclerc en opération est significatif, hélas, de l’absence d’analyse sur l’intérêt militaire du char. L’évolution des modalités du combat terrestre illustre l’importance que représente la mobilité et le feu, tant au niveau tactique qu’opératif.

 

Imaginer un retour de la manœuvre napoléonienne au XXIème siècle conjuguant mouvement et feu mérite qu’on s’y attarde davantage dans la conception des stratégies militaires. Cette réapparition est la conséquence directe de la disparition du front et de la réduction des effectifs. Laissant place à des colonnes mobiles progressant en formation dispersée.

 

Cela conférerait un rôle central aux plateformes où les chars, en harmonie avec les moyens interarmées et interarmes (l’infanterie mécanisée notamment), seraient ainsi amenés à jouer un rôle accru dans le jeu des colonnes interarmes. Sans pour autant occulter les spécificités des guerres au contact des populations. Ces spécificités, marquent également les limites physiques de l’emploi des chars dans la perspective d’une guerre au sein des populations.

 

Des limites en termes de protection d’abord, où le compartiment moteur et le toit présentent quelques faiblesses. De mobilité ensuite, où le gabarit du char lourd peut parfois s’avéré être un handicap dans des théâtres d’opération. De détection enfin, car en raison de l’épaisseur du blindage et du volume des bruits ambiants lorsque que l’engin est en fonctionnement, l’équipage est sourd aux bruits du dehors.

 

Ce qui rend à la fois la coopération entre les chars et l’infanterie difficile et surtout primordiale, imposant par la même des entraînements communs réguliers. La difficulté des chars à traiter les menaces venant d’en haut doit aussi s’intégrer dans une réflexion globale permettant des adaptations réactives.

 

Néanmoins, comme souligné précédemment, les chars ont encore aujourd’hui une pertinence stratégique et tactique. Il est donc essentiel de repenser et d’adapter cet outil de combat, en restant vigilant aux ruptures technologiques qui pourraient bouleverser les équilibres du champ de bataille.

 

Dans un tel contexte, le renforcement de la synergie opérationnelle entre fantassins et blindés paraît plus que nécessaire. Tout comme il semble indispensable de lier les frappes aériennes à la manœuvre terrestre.

 

L’innovation, sous impulsion des États-Unis, dans les équipements militaires est en plein boom. L’efficacité opérationnelle croit rapidement avec l’apport de technologie. Cette tendance au « tout technologique » ne doit pas pour autant aboutir à une réduction du nombre d’unités et de certains matériels, au risque de voir leur efficacité tactique disparaître. La qualité ne doit pas supplanter la quantité !

 

En somme, dans un contexte de réductions budgétaires, il importe pour la France et l’Europe de pérenniser la détention de capacités multiples afin de permettre une meilleure adaptation de la réponse au besoin. L’intervention terrestre reste souvent cruciale pour parachever une campagne aérienne réussie.

 

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