Le coup de gueule de cette semaine fut, sans doute, celui du chef d’état-major des armées Pierre de Villiers, suite à l’annonce des 850 millions d’euros de coupes imposées au ministère : « Je ne vais pas me faire baiser comme ça ».
Nos militaires sont furieux et ils ont raison ! Une fois de plus (et comme souvent) de nouvelles économies ont été exigées par Bercy, et le Gouvernement Philippe est en train de renoncer à porter le budget de la défense à 2% du PIB, comme l’avait promis le Président de la République Emmanuel Macron.
Cela fait pourtant des mois que le chef d’état-major des armées réclame un budget défense de 34,8 milliards d’euros (soit une hausse de plus de 2 milliards) : « Le grand écart entre les objectifs assignés à nos forces et les moyens alloués n'est plus tenable. On a déjà tout donné », martèle le général de Villiers.
Ce coup de canif passe très mal chez nos armées mises à rude épreuve par les opérations extérieures (Sahel, Levant) et intérieures (Sentinelle).
Comme je l’ai à plusieurs reprises souligné, dans un monde incertain et instable géopolitiquement, la France doit poursuivre son effort de guerre. La dégradation continue des moyens budgétaires a considérablement miné nos armées.
Si elles gagnent des batailles, nos armées peinent à gagner les guerres. Elles se désengagent toujours trop tôt, sans avoir eu le temps de transformer les victoires tactiques en résultats stratégiques.
Aussi, si la France souhaite restaurer son autonomie stratégique et renforcer les moyens logistiques et de renseignement de l'armée de terre (qui souffre directement de ces profondes carences en termes de projection opérative, du manque d'hélicoptères lourds, affectant par la même l'efficacité des troupes) elle devra revoir sa copie et vite !
La France doit viser un effort de défense entre 2,5 et 3%. Cette absence permanente de réflexion stratégique et de solutions innovantes devient insupportable pour nos armées.
La baisse des budgets a été, est et sera une erreur stratégique qui mettra incontestablement en péril la cohérence de notre politique étrangère et de défense. A suivre.
Photo : Général de Villiers