La guerre du Mali, dans le cadre de l’opération Serval, nous a sévèrement démontré que la France devait investir dans les drones. J’avais à plusieurs reprises, sur ce blog, livré mon analyse, notamment sur le choix (Heron TP ou Reaper) du drone à acquérir pour l’armée française. Je penchais plutôt, comme de nombreux militaires français pour le drone américain Reaper.
Mais revenons à nos moutons. Il est indéniable de constater à quel point nos drones sont insuffisants et obsolètes. Il est évident également que ce contexte de réduction budgétaire au sein des forces armées ne nous rendra pas non plus service … Mais, nous pouvons lire dans le nouveau Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale, que du côté des équipements aéronautiques, un investissement plus massif sera accordé aux drones, qui ne seront donc plus relayés au second plan. Une bonne nouvelle donc pour nos soldats !
En effet, le drone est désormais un atout indispensable pour un pays en guerre. Il est devenu un équipement militaire hautement stratégique pour nos armées. Cet engin volant sans pilote permet de repérer plus précisément l’ennemi afin de le distinguer plus aisément de la population civile. Il est discret, rapide et difficile à repérer. Equipé d'une caméra, il permet de transmettre en temps réel des informations vidéo décisives pour les autres unités engagées sur le terrain. Le Predator américain, par exemple, est capable de transporter des missiles et d’accomplir des missions de destruction avec une grande précision. L’utilisation d’un tel engin permet notamment de préserver la vie de nos soldats engagés sur le front. S’en priver serait donc incompréhensible.
Le Harfang d’EADS n’est plus satisfaisant et ne fait pas le poids face aux engins américains. L'armée de l'air française ne possède que quatre modèles de Harfang, un appareil d'origine israélienne, modifié et livré par Dassault en 2008. Ce drone Male (moyenne altitude, longue endurance) est aujourd'hui considéré comme dépassé en raison de sa faible vitesse et de son manque d'endurance. Et le plus regrettable, est que l’armée française ne possède toujours pas de drone armé, capable de mener seul des missions de destruction.
Pendant longtemps, politiques et militaires (Etat-major) se sont opposés sur le choix à effectuer dans le cadre du renouvellement du parc de drones français. A l’époque, la droite avait opté pour le Heron TP, appareil dans la lignée du Harfang, toujours de fabrication israélienne et modifié par Dassault. Mais, le nouveau Ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian (PS) a remis à plat le débat et a préféré retenir l’option de la coopération avec le Royaume-Uni, qui utilisera avec la France des drones Watchkeeper, fabriqués par Thalès.
Notons enfin, qu’un projet est en cours d’élaboration : NEURON. Mais l’aboutissement de ce projet n’est prévu que pour … 2030 … Une problématique supplémentaire, propre à l’armée française perpétuellement confrontée à des délais de développement et de livraison très longs. Dans un tel contexte, l'achat du Predator, le drone américain d'attaque serait-il dans l’immédiat une réponse à ce manque ? Dans un souci d’économie, comment peut-on espérer obtenir des équipements performants ? Ce dossier est crucial pour la France et son armée, les futures décisions devront être adaptées aux besoins de nos armées, mais aussi à l’évolution même du type de bataille et de combat. A suivre …