Le Ministère des Armées a annoncé la création officielle du commandement de l'espace, suite à la signature, par Florence Parly, d'un arrêté. Le commandement de l'espace (CDE) sera rattaché à l'Armée de l'Air et dépendra du chef d'État-Major de l'Armée de l'air. Cette branche deviendra ainsi à terme l'Armée de l'air et de l'espace.
La France officialise ainsi son autonomie stratégique spatiale (il était temps). La veille du défilé du 14 juillet, Emmanuel Macron avait annoncé la création de ce commandement militaire « pour assurer le développement et le renforcement de nos capacités spatiales ». De l’autre côté de l’Atlantique, un « Space Command » a été créé début 2019 et il pourrait bien être le prélude à la création d’une armée indépendante de l’Air Force.
Le CDE se compose actuellement de 220 militaires. Les hommes et femmes qui composent les rangs du commandement de l'espace proviennent « du commandement interarmées de l'espace (CIE), du centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux (COSMOS) et du centre d'observation par satellites (CMOS) », détaille le Ministère des Armées. L'ensemble des effectifs, amené à croître, sera installé à Toulouse, où l'industrie aéronautique et spatiale dispose d'un ancrage important. « Une équipe de préfiguration y est d'ores et déjà en place ».
Le commandement de l'espace aura la responsabilité de définir et mettre en œuvre la politique spatiale française. Un vaste chantier au regard des différentes menaces identifiées par le Ministère des Armées. Il convient ainsi d'avoir une bonne maitrise du trafic spatial ce qui passe par : « la gestion d'une situation spatiale congestionnée, la surveillance de la prolifération des moyens spatiaux, l'analyse des capacités rendues possibles par les technologies nouvelles et la mise sur pied de moyens propres à compenser l'absence de régulation internationale du trafic spatial ». La maitrise de l'espace passe également par une connaissance des actions militaires qui s'y déroulent.
À partir de là, il convient de « protéger les systèmes et les services spatiaux d'intérêt pour les armées, de parer l'émergence de doctrines d'agression dans l'espace, de surveiller l'emploi des armes ''non traditionnelles'', d'assurer par les moyens spatiaux nécessaires la direction des actions militaires dans les autres milieux, par exemple pour le lancement de missiles, voire, si la doctrine évoluait dans ce sens, de mettre en œuvre des moyens d'action ». Enfin, afin de pouvoir mener ces premières missions, il apparaît nécessaire de pouvoir maitriser « l'environnement spatial pour garantir la transmission des ordres et contre-ordres et pour pouvoir analyser la situation spatiale », expliquait le sénat en janvier dernier.
Blindage, furtivité, manœuvrabilité, contre-mesures, mais aussi armes cinétiques ou à énergie dirigée : toutes les techniques déjà développées pour les aéronefs pourraient finalement un jour ou l’autre se retrouver en orbite.