"On en arrive à un moment de crise. Un Rafale c'est merveilleux, mais les ravitailleurs en vol sont à bout de souffle". Colonel Michel Goya sur France Inter, décembre 2016.
L'opération "Sentinelle" déployée au lendemain des attentats de janvier 2015, dans le but de renforcer la sécurité sur le territoire national en complément du plan Vigipirate, fait de nouveau débat. Politiques et militaires s'interrogent depuis quelques mois sur son efficacité par rapport à l'effort demandé aux armées (déjà engagées sur les théâtres d'opération extérieurs), et ce, dans un contexte budgétaire tendu.
Avec la nouvelle attaque de Levallois-Perret, certains réclament depuis une adaptation plus efficace voire sa suppression. L'armée française a toujours participé, en effet, à des opérations de sécurité au profit des populations civiles. De même, elle assure une défense aérienne et maritime du territoire. Mais rappelons que la vocation première de l'armée est d'intervenir sur le territoire national uniquement en cas d'évènement exceptionnel et d'attaque de forces ennemies extérieures.
L'uniforme, symbole de l'autorité régalienne est et sera toujours une cible. Aussi, l'engagement de nos armées sur l'ensemble du territoire doit s'inscrire dans le cadre d'une vision stratégique conçue sur un plus long terme. Ce qui n'est actuellement pas le cas.
Ainsi, le déploiement de militaires dans les rues de nos villes ne doit pas faire oublier la véritable fonction que doit occuper leur armée. Les coupes budgétaires ont incontestablement accentué au fil des mois l'inefficacité de l'opération "Sentinelle" au regard des objectifs affichés. Conséquences, un dispositif couteux et quasi inutile au détriment de l'entraînement opérationnel.
Autrement dit, ce débat illustre parfaitement la gestion malaisée de l'ordre public par notre appareil exécutif. Des aménagements sont certes envisagés. Cependant, mettre fin à l'opération "Sentinelle" (qui use nos soldats et l'efficacité opérationnelle), serait une mesure de bon sens. La véritable question est dès lors de savoir à quel moment y mettre fin et comment repenser un tel dispositif ?
Une chose est certaine, le mal doit être traité à la racine en intervenant de façon plus efficace au Moyen-Orient contre Daesh. Notre ennemi qui est de type infanterie légère, utilisant des modes d'action similaires et entrainé sur les théâtres de guerre, qui mieux que l'armée pour les affronter ?
L'opération "Sentinelle" est un trompe-oeil de court terme qui nous rassure, et ce au détriment du rôle réel du militaire. Cette opération d'affichage politique doit cesser.
Des attaques ennemies viendront de nouveau et la guerre se poursuivra. Il est temps, en somme, de dessiner une stratégie militaire à la hauteur des enjeux actuels afin de répondre directement aux différentes menaces existantes.
Comme le soulignait à juste titre le Général Pierre de Villiers : "On ne gagne pas la guerre sans effort de guerre".