Le monde a pris feu. Le monde a pris feu autour de la péninsule Europe. Les Français et les Européens redécouvrent la guerre après l’avoir longtemps exclue.
Ces dernières années auront été des années très « militaires ». Les opérations se sont succédées à l’extérieur : Serval au Mali, Sangaris en République centrafricaine, Barkhane dans la bande sahélo-saharienne, Chamal en Irak, Nigéria et sur le plan national avec l'opération Sentinelle.
Paradoxalement, en rejetant la guerre, nos sociétés occidentales ont progressivement considéré comme illégitimes les investissements consacrés à la Défense. Elles se retrouvent par conséquent, aujourd’hui, désarmées moralement et matériellement quand la guerre est là.
Pourtant, il devient urgent de préparer la guerre de demain. Certes, nous ne pouvons commander à la guerre. Certes, le volontarisme ne remplacera pas les moyens. Certes, la guerre n'a pas changé de nature mais elle a changé de visage. Certes, les objectifs ont changé, car il ne s'agit plus de détruire mais de contenir et surtout d'intégrer.
Et oui, nous avons dépassé le "paradigme napoléonien" (centralité de la bataille, culte de l'offensive, destruction de l'ennemi, victoire intégrale).
Notre supériorité technologique n'influe que sur les deux premiers niveaux de la guerre, c'est-à-dire la technique et la tactique. L'Afghanistan en fut, hélas, une douloureuse démonstration. En face, nos adversaires asymétriques utilisent des technologies suffisamment performantes pour dégrader l'avantage technologique occidental.
Il est, en effet, difficile de prédire les formes futures de la guerre. Dans un tel contexte, la capacité d'adaptation de nos armées et de nos systèmes militaires s'avère cruciale. La créativité dois dès lors s'inscrire au cœur du processus stratégique, afin de faire de la stratégie un "processus d'innovation perpétuelle" (Général Beaufre).
La guerre se saisira de toutes les conquêtes de l'homme (terre, mer, ciel, espace, cyber). Elle sera ainsi "hors limites" (Colonels Liang et Xiangsui). Nos soldats seront engagés sur un temps plus long, de manière dispersée, sur de multiples théâtres et dans des types d'opérations très variés. Nous devrons faire face demain à un adversaire plus intelligent.
Notre politique militaire doit être consolidée et complétée pour renforcer notre efficacité et notre sécurité. Le cap du redressement doit être maintenu dans la durée.
La dégradation continue des moyens budgétaires a considérablement miné nos armées. Si elles gagnent des batailles, nos armées peinent à gagner les guerres. Elles se désengagent toujours trop tôt, sans avoir eu le temps de transformer les victoires tactiques en résultats stratégiques.
Nous devons dès lors, retrouver des volumes de forces compatibles avec nos ambitions et en les adaptant aux diverses menaces. À tort, nous avons suivi le modèle américain basé principalement sur la recherche permanente du meilleur technologique.
Ce surinvestissement technologique français a conduit l'armée à réduire ses volumes : Erreur ! Cette dérive ne nous permet plus de faire face à la multiplication des missions.
Restaurer, d'abord, notre autonomie stratégique. Renforcer, ensuite, les moyens logistiques et de renseignement de l'armée de terre qui souffre directement de ses profondes carences en termes de projection opérative, du manque d'hélicoptères lourds, affectant par la même l'efficacité des troupes.
La France doit poursuivre son effort de guerre et elle ne pourra pas y échapper, car la guerre "est" et la guerre "sera" tant qu'il y aura des hommes ...